mercredi 1 mars 2017

La peau la façade de notre être intérieur - 2ème partie




Le système nerveux cutané

Le système nerveux cutané constitue une partie du système nerveux périphérique.

Le système nerveux cutané est riche et complexe avec une voie afférente et une voie efférente,
les trois compartiments cutanés, hypoderme, derme, et épiderme (sauf la couche cornée), étant innervés.

En contact direct avec l’environnement extérieur, la peau est un organe sensoriel majeur.

La peau étant le principal site d’interaction de l’organisme avec son environnement,
le système nerveux cutané reçoit et répond continuellement à toute une variété de stimuli qui peuvent être physique (thermique, mécanique, électrique, rayonnement U .V), chimique, ou indirecte tels que ceux produits par des allergènes, des haptènes, des agents microbiologiques, des chocs ou une inflammation.

Les nerfs cutanés peuvent également répondre à des stimuli issus de la circulation sanguine ou à des stress émotionnels.

De plus, le système nerveux central peut moduler soit directement par les nerfs efférents ou des médiateurs chimiques, ou indirectement par l’intermédiaire des cellules immunitaires ou des glandes surrénales,
un grand nombre de fonctions au sein de la peau , telles que la vasomotricité, la thermorégulation,
l’érection pilaire, la fonction barrière, la sécrétion des glandes et des cellules, la croissance et la différenciation des tissus, et également, la cicatrisation, la réponse immunitaire, et l’inflammation.

Des contacts étroits entre fibres nerveuses et cellules cutanées ont été observés.

Les fibres nerveuses de la peau produisent des neuromédiateurs

Les cellules épidermiques et dermiques et les cellules immunitaires en transit dans la peau (macrophages, polynucléaires, lymphocytes) peuvent également produire des neuromédiateurs et des enzymes pouvant les dégrader.

De plus, elles expriment des récepteurs aux neuromédiateurs et sont donc sensibles à l’action de ces neuromédiateurs.

A.        Système Neuro-Endocrino-Immuno-Cutané

De ces observations, est né le concept de système neuro-endocrino-immuno-cutané (SNEIC) qui engloberait les cellules de la peau, les éléments cutanés du système nerveux et du système immunitaire. Les grandes fonctions cutanées (fonction barrière, thermorégulation, fonction sensorielle) seraient sous le contrôle du SNEIC. Ce concept permet d’expliquer l’influence du psychisme dans le maintien de l’homéostasie cutanée et dans le déclenchement de certains désordres dermatologiques.
Le système nerveux sensoriel cutané non seulement transmet des informations sensoriels mais joue également un rôle effecteur dans les fonctions cutanées par une action neuro-sécrétoire efférente à leurs terminaisons

1.         Le système nerveux autonome de la peau

Le système nerveux autonome de la peau joue un rôle crucial dans la régulation de la fonction des glandes sudoripares, la vasomotricité, le flux sanguin, et, par cela, dans la thermorégulation. L’acétylcholine est un régulateur majeur de la sudation, mais les nerfs innervant la glande sébacée humaine de l’adulte Co expriment également toutes les protéines nécessaires à la fonction complète noradrénergique (tyrosine hydroxylase, aromatic amino Acid décarboxylase, dopamine b-hydroxylase, et la vésiculaire monoamine transporter VMAT2).

2.         Le système nerveux cutané sensoriel

Les différents types de sensibilité

On distingue la « sensibilité générale » ou somesthésie de celle fournie par des organes sensoriels particuliers (vision, audition, goût, odorat).
La sensibilité générale peut être soit somatique, soit intéroceptive. La sensibilité somatique peut être soit extéroceptive, c’est la sensibilité cutanée, soit proprioceptive, c’est la sensibilité de l’organisme à sa propre position et à son propre mouvement qui est liée aux récepteurs musculaires et articulaires. La sensibilité intéroceptive fournit les informations sur l’état des viscères et les variations physico-chimiques du milieu intérieur.
Au sein de la sensibilité cutanée, on distingue : la sensibilité mécanique, la sensibilité thermique et la sensibilité douloureuse (ou nociception).

Les différents types de fibres nerveuses et de récepteurs cutanés

Chaque sensation est transmise grâce à des récepteurs spécifiques relayés par un réseau de fibres sensorielles myélinisées et non myélinisées.
Plusieurs types de récepteurs ont été identifiés dans la peau :
Des récepteurs mécaniques, de cinq types différents, qui transmettent la sensibilité à la pression, la sensibilité à la vibration et la sensibilité fine épicritique ou tact :

-           Terminaisons Libres
-           Disques De Merkel,
-           Corpuscules De Meissner,
-           Corpuscules De Pacini,
-           Corpuscule De Ruffini

Ils peuvent être soit superficiels soit plus en profondeur dans la peau et leur répartition est différente dans la peau glabre et dans la peau poilue. Leur densité dans la peau varie également selon les régions. La paume de la main est particulièrement bien fournie ; elle possède environ 17 000 fibres liées à des mécanorécepteurs et à l’extrémité des doigts, la densité (140/cm2) comme la proportion (43%) en corpuscules de Meissner, récepteurs du tact, sont particulièrement fortes...

-           Des thermorécepteurs qui transmettent la sensibilité au chaud et au froid,
-           Des nocicepteurs, qui sont des récepteurs de la douleur.

Les corpuscules de Meissner localisés dans la peau glabre et situés immédiatement sous l’épiderme dans les papilles dermiques, sont ancrés mécaniquement au tissu environnant par de fins filaments de tissu conjonctif. Leur fibre axonale s’enroule en spirale autour des cellules de Schwann. Ceux sont des récepteurs superficiels à adaptation rapide particulièrement sensible à la vitesse d’établissement du stimulus qui sont sensibles aux vibrations (entre 5 et 200 Hz).

Les nerfs sensoriels représentent la majorité des nerfs de la peau et innervent les trois compartiments cutanés, l’hypoderme, le derme, et l’épiderme.

Les mécanorécepteurs et les différents types de sensibilité mécanique

Au sein de la sensibilité mécanique cutanée, on distingue

-           La sensibilité à la pression,
-           La sensibilité à la vibration,
-           Et la sensibilité fine épicritique ou tact

La sensibilité à la vibration

Les corpuscules de Pacini qui, dans la peau, sont localisés dans le derme et l’hypoderme sont les récepteurs sensibles à la vibration qui répondent dans une gamme de fréquence allant de 30 à 1500 Hz avec une sensibilité optimale autour de 300 Hz. Ceux sont des récepteurs phasiques, qui ne répondent ni à la vitesse ni à la durée de la stimulation. Ils sont sensibles uniquement aux variations rapides d’intensité et donc, à l’accélération de la déformation cutanée.

3.         NOCICEPTION ET DOULEUR

Le nociception est le processus sensoriel à l'origine du message nerveux qui provoque la douleur. Les nocicepteurs peuvent être très activés sans qu'il y ait douleur - à l'opposé, une douleur peut être très intense sans activation majeure des nocicepteurs. Nous savons tous qu'une forte émotion, un état de stress aigu ou même simplement une intense concentration peuvent supprimer une sensation douloureuse : qui ne s'est pas coupé sans s'en rendre compte, obnubilé par l'exécution d'une tâche prenante ? La douleur nous apprend à éviter les situations dangereuses. C'est avant tout un signal d'alarme qui met en jeu des réflexes de protection nous permettant de nous soustraire aux stimulus nocifs - de soulager les parties de notre corps soumises à de trop fortes tensions. Les rares patients naissant avec un déficit de la sensation douloureuse vivent avec le risque permanent de s'autodétruire puisqu'ils ne réalisent jamais quand ils se font mal - ils meurent en général assez jeunes.

4.         LES QUALITÉS DE LA DOULEUR

a.         En fonction de la localisation de la stimulation

La douleur peut avoir plusieurs "qualités" suivant son origine. La douleur provenant de la peau est qualifiée de superficielle, celle provenant des muscles et des articulations de profonde.

b.        En fonction de l'intensité de la stimulation

Lorsque l'on se pique avec une aiguille, on ressent tout d'abord une douleur vive, localisée, qui disparaît rapidement. Si la piqûre est forte, la douleur vive (douleur rapide) est suivie d'une douleur sourde, diffuse, mal localisée, qui disparaît beaucoup plus lentement (douleur lente).
On considère que deux catégories de fibres participent en fait à la douleur :
Des fibres miéliniques de fins diamètres (A delta, 10 m.sec-1) responsables de la douleur rapide et des fibres amyéliniques (fibres C, 1 m.sec-1) véhiculant la douleur lente.
L'impulsion brève et intense excite les deux types de terminaisons et la différence entre les vitesses de conduction des deux types de fibres explique le décalage des sensations ressenties.
La douleur "lente", dont l'exemple type est la brûlure, peut conduire à une hyperalgésie (ex. "coup de soleil"): le seuil de la douleur est abaissé et des stimuli non douloureux tels que le port de vêtements deviennent insupportables.
Cette hyperalgésie est un phénomène de sensibilisation, dû à la libération de substances chimiques par les tissus lésés.

1. Toute réaction inflammatoire débute par une "alerte chimique". Les cellules des tissus lésés, les phagocytes et les mastocytes, provoquent la libération des médiateurs de l'inflammation.

2. La stimulation des fibres C, liées aux nocicepteurs, induit la libération périphérique de substance P ("réflexe d'axone") et provoque une "inflammation neurogène".

Le microenvironnement des nocicepteurs est un véritable "bouillon", une "soupe périphérique". Ces substances interviennent dans le déclenchement et surtout le maintien voire la recrudescence des phénomènes douloureux.

•          En fonction de la durée de la stimulation

La durée de la stimulation nociceptive est également essentielle. Les douleurs aiguës, généralement limitées à l'organe atteint (carie, brûlure), sont des douleurs d'alarme, vives, précoces, bien localisées, qui s'accompagnent de vives réactions végétatives (tachycardie, tachypnée, sueurs) et de réactions motrices (réflexe de retrait). Les douleurs chroniques (> à 6 mois) peuvent, par leur durée, conduire à une atteinte grave de la personnalité (insomnies, troubles de l'humeur, dépression). Il n'existe alors plus de relation claire entre l'ampleur de la lésion organique et l'intensité de la douleur chronique.

5.         LES NOCICEPTEURS

Il existe des récepteurs cutanés - essentiellement, des terminaisons libres de fibres amyéliniques - qui ne répondent qu'à des stimulations potentiellement dommageables à la peau (mécaniques, thermiques ou chimiques). On distingue quatre types de nocicepteurs :

•          Les nocicepteurs mécaniques répondent à la piqûre, au pincement ou à la torsion de la peau avec une décharge qui dure tout le temps de la stimulation, sans adaptation. Leurs fibres afférentes sont essentiellement de type A delta.

•          Les nocicepteurs thermiques répondent à des stimuli thermiques élevés

•          Les nocicepteurs sensibles aux agents chimiques répondent aux agents toxiques externes comme aux substances produites par les tissus lésés

•          Les nocicepteurs polymodaux répondent à la fois à des stimuli nociceptifs mécaniques et thermiques. Ils constituent près de 90% des fibres amyéliniques contenus dans un nerf cutané

6.         La Sensibilité Thermique

La sensation thermique devient carrément douloureuse si la température cutanée est inférieure à 17° C ou supérieure à 44°C

7.         Les Thermorécepteurs
Il existe dans la peau des terminaisons nerveuses libres, proches de capillaires sanguins, sensibles au froid ou au chaud.

Les récepteurs au froid sont superficiels, localisés dans l'épiderme.

Les récepteurs au chaud sont plus profonds dans le derme.

Conclusion

On compte 600 000 récepteurs du toucher et au moins 200 000 récepteurs de la détection de température.

Connus sous le nom de papilles ou corpuscules de Merkel, Meissner et Golgi, ils se présentent sous des formes diverses : en bulbe, pelote, panier, sac ou fibres filamenteuses.

De nature protéique, localisés dans le derme et à sa frontière avec l'épiderme, ils captent les messages et les transportent vers les aires sensitives du cerveau, sous forme de micro courants électriques. Ils reçoivent en retour une réponse agréable ou douloureuse selon l'événement.

Dans les deux cas, ce sont les mêmes centres nerveux qui sont sollicités. Les neuromédiateurs chimiques, dont la production est programmée par le cerveau, sont les messagers de nos émotions.

On en connaît plus de 200 ; la sérotonine, la noradrénaline, les catécholamines sont les plus connus. La peau et le cerveau en ont une vingtaine en commun.

Les cellules de la peau, mélanocytes et kératinocytes, fabriquent elles aussi les substances chimiques nécessaires à son équilibre physiologique.

Ainsi la vasodilatation, la sécrétion sudorale et les phénomènes inflammatoires sont issus de centres cutanés analogues.

Toutes nos réactions, depuis la douleur jusqu'aux émotions liées à notre psychisme sont ainsi transmises et analysées.

Cette enveloppe vivante qui se renouvelle constamment nous protège des rayons ultraviolets, des micro-organismes mais aussi des chocs.

Ses deux millions de pores contribuent à la régulation de la température du corps par la rétention ou l’élimination d’eau.

La peau est aussi une petite usine à vitamines.

En puisant son énergie dans le soleil, elle fabrique la vitamine D, essentielle à la fixation du calcium sur les os.

L’oxydation est aussi un phénomène nocif pour la peau.

Les différentes catégories de plaies

Définition:

C'est une lésion de la peau, revêtement protecteur du corps, par coupure ou éraflure ou piqûre, avec atteinte possible des tissus sous-jacents.

Une plaie est catégorisée selon l’importance de la blessure, profonde, sa densité et l’origine.

La plaie se caractérise généralement par sa densité et son origine.

Qu’est-ce qu’une brûlure ?

Définition:

Lésion de la peau et ou des voies aériennes ou digestives provoquées par la chaleur, les substances chimiques, l'électricité,
les radiations, le frottement.

Les brûlures simples

Elle va être sur une surface limitée de la peau. La peau rougit et va apparaître une cloque.

Brûlures graves

La destruction sera plus profonde

Complications

  • Infection
  • Détresse ventilatoire éventuelle
  • Détresse circulatoire

Les biologistes ont différencié ces plaies par degré :

1)    Le premier degré est le type blessures superficielles
2)    Le deuxième degré est le type de blessures profondes et inflammatoires
3)    Le troisième degré est le type de blessures graves

  1. 1.    Les blessures superficielles

Ce sont des plaies qui sont au niveau de l’épiderme pouvant aller en profondeur de la membrane basal,
elles vont détruire les kératinocytes qui vont provoquer la réduction de la couche de l’épiderme.

L’inflammation sera douloureuse pendant quelques jours.

Quels sont les types de lésions à ce degré ?
  • Une petite brûlure,
  • Un coup de soleil
  • Petite éraflure etc.

  1. 2.    Les blessures profondes et inflammatoires

Ce sont des blessures qui vont atteindre une partie du derme.

Ce sont des blessures très douloureuses, car elles vont toucher les corpuscules, les nervures,
les vaisseaux et les nocicepteurs, de ce fait la transmission de la douleur.

Quels sont les types de lésions à ce degré ?

  • Une coupure
  • Une brulure importante
  • Frottement
  • Ulcération

  1. 3.    Les blessures graves

C’est une destruction complète de l’épiderme et du derme en contact avec la panicule adipeuse de l’hypoderme.

Des cellules sont touchées et quelques fois détruites.

Quels sont les types de lésions à ce degré ?
  • Des brûlures graves et profondes
  • Des abrasions graves et profondes
  • Des coupures graves et profondes

Plaie graves avec hémorragie
  • Plaie par morsure
  • Plaie étendue
  • Plaie par outil, arme blanche, projectile
  • Plaie contenant des souillures ou des corps étrangers
  • Plaie à bords irréguliers
  • Plaie du cou, du thorax, de l'abdomen ou du dos, plaie près des orifices naturels

Plaies mortelles

Elles sont les plaies, des gros vaisseaux et des parties intérieures, quoique certaines puissent guérir

La nature des plaies et leur emplacement

La différence des plaies qui vient des parties où elles se trouvent, exige bien des considérations.

Les plaies sont aux extrémités ou au tronc: celles - ci peuvent arriver à la tête, ou au col, ou à la poitrine ou au bas ventre; elles peuvent pénétrer jusqu'aux parties internes, ou se borner aux parties extérieures:
celles des extrémités, ou celles qui ne sont qu'aux parties externes du tronc,
peuvent intéresser les téguments, les muscles, les tendons, les vaisseaux, les glandes, les articulations

Les plaies faites par instrument tranchant sont moins fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument piquant; celles qui sont faites par un instrument contondant sont plus fâcheuses que celles qui sont faites par un instrument tranchant ou piquant.

Les plaies simples ne sont point dangereuses, les composées le sont davantage; mais les compliquées sont toujours fâcheuses, plus ou moins, suivant la nature de la complication.

On distingue quatre états ou tems dans la durée des plaies. Le premier est celui où elle saigne;
le second est celui où elle suppure; le troisième est celui où se fait la régénération des chairs; et le quatrième est celui où se fait la cicatrice.

Source : ATIF

Conclusion

Les plaies de la peau qui n'atteignent pas le tissu sous-cutané guérissent sans laisser de cicatrice.

En ce qui concerne les plaies qui lèsent le tissu sous-cutané, des différences existent entre la guérison des blessures dues à une simple incision et celle des plaies où un fragment de peau assez étendu

Quelle que soit la plaie, son traitement est d'abord celui de son étiologie.

La connaissance de la nature de la plaie et des objectifs thérapeutiques est essentielle pour réduire la durée de cicatrisation et le taux de récidive.

Ce n’est pas parce qu’une plaie est peu importante qu’il faut la négliger

Prochain article : le tatouage et la peau 

©Franca Gagliardi

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