Dressons la trame historique et géographique de la culture
du tatouage.
Le tatouage vient du tahitien « Tatatau » qui
signifie pénétration dans la peau.
C’est une technique ancestrale consistant à
l’aide d’une aiguille à introduire de l’encre sous l’épiderme.
Le corps tatoué se démarque de l’animalité, le tatouage lui
donne un statut dans la société, c’est un modèle d’intégration dans la tribu.
Pour France Borel « le vêtement incarné » la
fonction du tatouage se rapproche de la fonction sociale des vêtements, les vêtements
donnent une identité sociale en plus de leur fonction biologique se protéger
des températures,
Le tatouage est donc une forme d’habit qui va protéger le
corps et sert d’occulter les émotions et à la fois une fonction de forme de
communication non verbale.
Le tatouage est un symbole d’appartenance. C’est ce que
Maertens décrit en jouant les mots de dessin et dessein : le dessin sur la
peau montre le dessein d’appartenance et de position dans une communauté,
groupe ou tribu. Il est la carte identitaire du tatoué.
L’enfant est exclu du groupe, à son âge adulte il aura sa
marque qui déterminera son appartenance à la société à laquelle il appartient
Les plus glorieux guerriers et les plus tatoués, le tatouage
donne du pouvoir détermine son statut , sa force.
Le tatouage est aussi un symbole rituel
Pour les femmes, elles seront tatouées à leur première
menstruation et elles seront identifiées par les hommes. Une étiquette qui
montre qu’elle est bonne à mariée.
Donc le tatouage est un symbole culturel de
la sexualité, de la virilité, le rôle, la fonction et le statut social dans la
société, selon son âge, son sexe. Cela démontre aussi les différences sexuelles
Le tatoueur est le « sorcier » de la tribu. Car le
spirituel et le mystique font partie du rituel du tatouage qui est à la fois
culturel et aussi thérapeutique. Retrouvé chez l’homme le plus ancien dans les
glaciers italiens,
Le caractère indélébile du tatouage est l’assurance des
modèles et des traditions
Il convient d’ajouter
en conclusion que dans ces traditions de rituels, le refus d’être tatoué est
une forme de marginalisation dans la société primitive. L’individu qui refuse d’être
tatoué est marginalisé. Si nous devons le comparer dans d’autres sociétés
modernes, le non tatoué est considéré marginalisé.
L’image du tatouage
Dans les sociétés primitives l’image du tatouage est
importante et indispensable. Il est l’image de marque faisant référence à
l'identité sociale inscrite d’une marque sur la peau, empreinte qui détermine
la place de chaque individu. Une conformité qui est l’usage pour chaque
individu, on pourrait dire, une soumission aux règles de la société.
A l’avancé des cycles, le tatouage change peu à peu sa
signification et son usage traditionnel primitif.
Et on constatera que le tatoué deviendra un marginalisé dans
les différentes étapes séculaires
Les navigateurs, comme Cook fasciné par ce rituel ancestral
ramènent dans leur pays des tatoués et en font un phénomène d’attraction
foraine. Il va devenir un signe d’excentrisme dans la haute société entre les
années 1890. Les femmes élégantes se font tatouées et devient un phénomène de mode
qui est devenu un signe d’exotisme et populaire.
Puis, au fil des années, ce phénomène de mode va s’effacer
et sera utilisé par les délinquants. .
Il va être aussi utilisé comme marquage d’une soumission d’un
individu à un être supérieur. C’est une forme de domination. L’individu sera la
propriété d’une autre personne.
Les procédés sont douloureux. Par mutilation de
la chair, le corps de l’individu sera marqué au fer (comme du bétail).
Cette forme de mutilation sera faite sur les prostituées, l’esclavage,
les prisonniers, et les camps de concentration et bien d’autres groupes. On peut
dire que c’est un tatouage de servitude et un marquage identitaire.
Nous retrouvons aussi, au 19ème siècle, le
tatouage chez les marins. Une superstition rapportée par l’écrivain Herman
Melville raconte que les marins tatoués d’une croix ne peuvent être dévorés par
les requins. C’est aussi un lien chez eux. Une ancre qui les relie à leur port
d’attache.
C’est une forme corporative d’appartenance à un groupe, il
est utilisé encore de nos jours, comme un signe distinctif par exemple :
chez les francs-maçons qui ont trois points sur le revers de la main.
Pour de nombreux scientifiques, le tatouage chez les
criminels est la lecture de leur auto biographie.
Ces marques étendues sur le corps, vont informer des séjours en milieu carcéral,
il devient alors une lecture juridique. Pour les femmes qui se font tatouées,
elles sont considérées comme appartenant au monde des prostituées.
Le monde criminel et le monde des prostituées ainsi que d’autres
sociétés marginalisés sont l’expression d’une mauvaise image du tatouage.
De nos jours, le tatoué est réintégré dans la société, nous
assistons alors au développement d’une demande forte du tatouage chez les
jeunes, hommes et femmes.
Le tatouage est alors démocratisé et sera fait par un outil
appelé dermographe.
Et comme nous l’avons vu dans mon article précédent il y a
dans le code de la santé publique, une législation sur les encres et l’hygiène
pour les professionnels faisant les tatouages.
Le tatouage aujourd’hui est devenu un acte mixte : privé
et à la fois public.
En conclusion
On peut constater que l’étude sociologique du tatouage
dépend fortement de la population où on étudie de son image dans la société,
des modèles selon les époques. Un âge de socialisation à un âge d’individualisation.
Une époque où il marquait la domination et l’esclavage, à celle d’une communication,
un âge où le tatouage est l’image de la liberté, et celle marginalisé.
Le tatouage indiquait la position sociale et le pouvoir dans
les sociétés primitives et l’appartenance à une tribu. Il est un rituel
culturel, thérapeutique et cérémonial funéraire aidant les défunt à passer dans
l’au-delà.
L’effraction de la peau révèle à d’autres époques la
domination de l’autre, c’est un acte punitif,
Puis deviendra un signe révolutionnaire, marginale qui sera
le contraire du tatouage primitif.
Aujourd’hui, considéré par beaucoup comme un maquillage
permanent, qui révèle un acte personnel et sa liberté.
En ce qui concerne la douleur, depuis les sociétés
primitives à celle d’aujourd’hui, le tatouage est un signe d'une force mentale
et de virilité. Même si la pratique a évolué la douleur reste un sévisse que la
personne tatouée impose à son corps
Livres conseillés :
Jean Thierry Maertens – le dessein sur la peau
Le Breton, « La sociologie du corps »
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