dimanche 2 octobre 2016

L’accompagnement d’une personne souffrant la perte d’un proche


L’origine du mot. « Deuil » est issu du  latin « dolus »  "dolore", signifiant « douleur ».

« Faire son deuil » ne signifie pas « terminer et passer à autre chose »

Et les personnes en deuil, n’aiment pas ce terme.

Le deuil est une auto douleur intérieur que l’on s’inflige à soi-même. Une rupture de connexion interne .

Une souffrance comme si tout le corps entier retient cette brûlure causée par un chaudron allumé et qui ne peut s’éteindre. C’est des cris désespérés à l’intérieur de soi que personne n’entend et qui ne sortiront pas. Cela peut devenir pour certaines personnes en souffrance une cocotte-minute qui explosera.

Les phases du deuil commencent par un choc. Le bateau dans une tempête submergé par cette vague, un effondrement, des repères qui n’existent plus, une errance de nulle part, le néant. Cette sensation bizarre et inattendue que cette chose peut exister.

Le décès d’un être cher est une douleur que  l’on pense insurmontable. Et même si ce décès était annoncé, lorsque le fait se réalise est une épreuve quand elle se présente.

Il y a cette solitude, de la personne confrontée à cette perte. Seule face à ses émotions, ses sensations quel que soit son vécu. Et rares sont les personnes qui pourront exprimer à l’entourage ce qu’elle éprouve réellement, sa réalité. Et l’environnement social aujourd’hui a déserté cette place qui est la sienne, que ce soit de la religion, médicale ou autre,

Un vécu d’un deuil est unique on ne peut pas généraliser, chacun va le vivre selon son histoire. Mais ce néant, cet effondrement et le tout qui n’a plus rien d’importance, le bateau qui part à la dérive, perte de sens, du temps c’est le choc et cela beaucoup de personnes endeuillées le vivent

Suite à cette réaction au choc, c’est surtout une forme  d’anesthésie, un temps d’amnésie. On n’y croit pas, c’est le déni. Cela va durer pendant une période selon les personnes, quelques heures, jours, mois ou des années. Le refus de croire au décès d’un proche, va être tel un anesthésiant calmant la douleur. Mais tout le chemin reste à faire

Alors l’entourage croira que la personne a fait son deuil, que finalement elle a bien vite oublié. Il n’en est rien ! C’est une trêve de cette bataille intérieure qui se livre au fond de la personne

Et c’est une bombe à retardement

La révolution sournoise au fond de soi, celle de la colère,

Cette colère aux deux visages :

Colère contre la maladie, contre les médecins, la société, contre Dieu aussi

Et puis cette colère contre le défunt

Celle où les reproches envers la personne décédée sera exprimée.

Exemple : « Pourquoi tu m’as abandonné ? »,

Ce manque de différentes formes qui prend place

Qu’est ce qui manque au juste ? Cette présence physique ? Cette présence affective ? Cette dépendance émotionnelle ? Ou autres choses ?

Alors, cette personne endeuillée pourra t’elle retrouver ce qu’elle a perdu ?

Qui comprendra ? Et elle va s’isoler dans un monde qu’elle s’est construit.

Tout la dérange, le bruit qui l’entoure, la vie selon ses ressentis. Les personnes qui manquent de neutralité et qui ont une autre projection de ce qu’elle vit. La douleur, est là et l’anesthésie devient un moment d’amnésie qui est le masque de la douleur.

On peut considérer qu’il y a trois ruptures du pattern en soi

Le choc
La colère
La culpabilité
C’est la perte de son intégrité

Cette douleur est le fil conducteur qui peut amener à l’accompagnement de la personne.

Pour elle, une personne qui lui dire faut faire son deuil est inadmissible et elle ne l’entendra pas. C’est comme si on jetait un objet à la poubelle. La période de deuil sert à ancrer le souvenir dans un lieu de sérénité qui est en soi. Où l’être aimé si précieux ne sera pas abandonné, oublié. Qu’il fait partie de la mémoire affective, d’amour, et qu’elle soit assurée que ce lien ne sera jamais rompu.

Beaucoup de personnes deviennent dépressives et avec des tendances suicidaires.

Ce n’est pas la douleur à apaiser, ou à donner tel traitement pour calmer cette dépression, c’est une autre forme d’aide dont elle a besoin. Il s’agit simplement d’un vécu à reconnaître dans sa dimension.

Ne pas vouloir éliminer, mais intégrer la représentation du vécu que la personne endeuillée, de l’intégration.

Créer un rapport

Aller vers sa projection de son vécu et rester neutre et surtout ne pas imposer sa vision. C’est la synchronisation.

Suivre sa logique

Une reconnexion de soi, car cette perte est à multiple facette

Il est nécessaire de faire l’apprentissage de vivre sa vie, sans la présence physique de la personne que l’on a perdue. L’assurance que ce fil du souvenir n’est pas rompu et qu’il vit au fond de la personne.

Franca Gagliardi – octobre 2016

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